La mémoire des sanctuaires


Heureux sont ceux qui croient sans avoir vu, paraît-il.

Le dernier adieu à la crypte Blanche fut une occasion de déterminer que cet adage peut finalement ne pas toujours être vérifié, tant j’en ai vu ce jour-là. Tant j’ai ressenti des choses que j’avais jusqu’à présent été loin d’imaginer. Pourtant, l’entrée en matière fut presque « classique », si j’ose dire. Dessiner un autel à l’aide de bougies en forme d’arc de cercle, et non en forme de protubérance tumeurienne. Se déshabiller, s’agenouiller, prier et attendre. Regarder Maîtresse Blanche du coin de l’oeil se préparer, non pas en tant que voyeur ou fétichiste (enfin si) mais surtout pour mieux savoir ce qu’il va se passer (tant de raisons pour lesquelles, il peut paraître important de bander les yeux du soumis de temps à autre). Comprendre que l’adieu à la crypte sera une pénitence lorsque Nonne Blanche se place face à sa petite Julia.

Mais une chose cloche, ou tout du moins quelque chose d’inhabituel, une nouvelle découverte. Outre ses bottes de cuir, sa robe noire et sa coiffe, Nonne Blanche a paré ses mains de deux gants de vinyle se terminant par de longues griffes acérées. Comme pour me montrer ce qu’elle peut en faire, une première petite griffure vient dessiner un trait sur mon corps.

Je m’installe alors sur le prie dieu positionné au centre de cet autel, baisse la tête, joins mes deux mains en forme de prière pour louer les vertus de la crypte. Pour faire pénitence de tout ce que j’ai pu ressentir, comme excitation, comme pensées impures, moi pauvre pêcheur. Pas un mot, pas une parole, un silence froid et mordant pose le décor. Les mains gantées de Nonne Blanche viennent épouser les formes de mon dos, et y graver quelques marques en alternant avec des caresses de réconfort. Ma tumeur se met elle aussi à faire honneur à ce moment solennel. La virtuosité de son geste est telle que quelle que soit l’intensité qu’elle applique sur ces griffes, l’excitation monte. L’envie d’être au garde à vous, l’envie de tout réaliser pour elle.

Elle le remarque. Une faute peut-être ? Sans doute. Cette excitation doit immédiatement être réprimée et punie. Je me retrouve à quatre pattes pour recevoir la flagellation qui s’impose. Sur les mains, sur les fesses : une sangle en cuir vient me faire comprendre par cette correction que seule Nonne Blanche peut décider de ma pénitence et de la forme qu’elle prendra. L’instant est cependant court. La punition a fait son effet. La tumeur s’est faite toute petite. Elle pleure et déverse quelques larmes sur le sol.

Je me remets à genoux et regarde Nonne Blanche tout sourire qui me toise de sa hauteur. Elle saisit une de mes mamelles puis la presse doucement, puis de plus en plus fortement. Ma tumeur reprend vie, comme une forme de résurrection. Elle se tend, cherche à s’élever toujours plus haut, presqu’à se détacher de mon corps pour rejoindre sa Maîtresse. Mes bras se bougent d’eux-même et viennent dessiner une croix. La pression est intense. Je regarde ma Maîtresse dans les yeux. Jamais je n’avais vu de regard aussi intense, aussi pénétrant. Je suis dans un état second, en transe. Mes deux mamelles broyées par les soins de ses doigts délicats. A genoux face à Elle, sous Elle, à son entière merci, à n’avoir qu’une seule envie en tête : que ce moment dure, ne s’interrompe jamais et qu’aucune libération ne vienne le perturber. Je sais que je ressentirai mon appartenance à ma Maîtresse durant des jours voire des semaines en effleurant simplement mes petites mamelles.

Et comme un adieu à la crypte, Nonne Blanche commence la dernière procession en m’ordonnant de caresser ma tumeur, de plus en plus fortement mais par acoups, par séquences de trois secondes. A chaque pause, je me remets en position de l’esclave que je suis. Esclave de la douleur, de l’envie, de ma luxure, de ma Maîtresse. Cette libération finira par être autorisée, ruinée. Ma petite tumeur déverse son torrent de larmes blanches sur le sol de la crypte comme pour la graver une ultime fois. Le reliquat est vite avalé comme pour garder au plus profond de moi-même un petit bout de cet instant magique et pieux, que je ne pensais vraiment pas ressentir une fois dans ma vie.

Ma soumission est un chemin qui m’emmène là où seule Maîtresse Blanche veut m’emmener. Je ne peux que la remercier de bien vouloir m’autoriser à emprunter cette voie qu’elle dessine pour moi.

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