Dans l'obscurité, personne ne vous entend crier


Un rendez vous pour le moment inhabituel. En plein Paris, devant un bel immeuble, j’attends son arrivée, stressé d’être pile à l’heure, et non en avance comme à l’accoutumée. Elle est injoignable. Je regarde dans la rue puis l’aperçoit au loin. Sa démarche majestueuse et pleine d’assurance, je la reconnais. Je l’ai si souvent vue en marchant derrière Elle comme un bon petit toutou. Je remue intérieurement des fesses, heureux de retrouver de nouveau ma Maitresse qui me tend son bagage, cherche ses clés puis m’emmène à la porte d’un immeuble parisien de haut standing. Mais nous ne montons pas les escaliers pour pénétrer dans un luxueux appartement. Elle ouvre la porte menant au caves puis m’intime de descendre dans l’obscurité afin d’allumer le sombre couloir de la Crypte Blanche. Si j’avais pu passer un coup de balai pour éviter que ses bottes ne prennent la poussière, croyez moi que je l’aurais volontiers fait. Mais le temps de Maitresse Blanche est compté et la poussière ne saurait être un problème tant qu’on a une petite lécheuse sous la main pour nettoyer et lustrer ses bottes.

Nous entrons tour à tour dans la Crypte Blanche. Ce lieu encore tout neuf n’a pas eu beaucoup l’occasion d’embrasser la destinée qui est la sienne : devenir le lieu de correction des chiennes errantes et maladroites. Pourtant il a déjà changé depuis ma toute première visite. Au fond, la croix de Saint André a été installée. A l’entrée, la cage de Maîtresse Blanche, comme une niche pour chienne de garde.

«  a poil Julia ». Les mots, simples, claquent comme un fouet. Je m’exécute immédiatement puis me met en position d’attente à quatre pattes. Maîtresse Blanche allume quelques bougies puis fouille dans une grande malle pour sortir quelques ustensiles. J’entends des bruits de chaîne, de métal, tandis que je fixe le sol.

« Monte sur la croix ».

Je grimpe tant bien que mal sur ce gigantesque meuble, bien trop grand pour ma toute petite taille. Mais j’arrive à y trouver ma place. La tumeur coincée au centre, ma tête entre les deux parties hautes. J’attends la pénitence qui sera la mienne. Monter sur la croix est et restera toujours signe d’un apprentissage tant je n’y suis que peu habituée. La troisième fois peut-être ? Je ne saurais le dire depuis le temps que j’appartiens à Maîtresse Blanche. C’est dire à quel point je suis un petit puceau en termes de flagellation. Mes pensées sont coupées nettes par une première salve de corrections. Des coups localisés, bruts, puissants. La badine sûrement. Je me mords les lèvres tout en comptant dans ma tête, chaque coup reçu pour mesurer mon endurance à ce sujet. Mais c’est peine perdue. D’endurance, je n’ai pas. Au bout d’une dizaine de coups de badine, je suis déjà perdue dans mon décompte et ne peux laisser échapper mes cris, malgré les appels au silence de ma Maîtresse (à la fois pour réduire le bruit et pour me rassurer).

La punition s’interrompt. Maîtresse Blanche me saisit la tête par les cheveux, la tire en arrière en la bloquant contre Elle puis attache un bâillon boule pour étouffer ma complainte avant de reprendre ses coups méthodiques et chirurgicaux. Ma tumeur est dressée et bloquée contre le centre de la croix. Signe qu’elle apprécie la sentence. Ma tête, elle, est moins dans cet esprit mais tente d’imiter la purulence qui sort de ma tumeur. Les larmes commencent à monter, occasionnant deux coulures : mon nez et ma bouche. Un filet de bave continue sort de ma bouche bâillonnée.

Je continue d’endurer les choses alors même que Maîtresse Blanche poursuit mon entraînement aux châtiments corporels en appliquant le martinet. Douleur différente, mais douleur tout de même. Plus ample. Le martinet marquant moins, Maîtresse Blanche applique une intensité plus forte sur mon dos et sur mes fesses.

J’ai envie de descendre de cette croix. Je ne sais pas quoi faire. Faut-il poser le safeword ? Faut-il endurer les choses ? Je me dis intérieurement que la soumission n’est pas et ne saurait être une sorte de menu où on choisirait les pratiques que l’on préfère, mais un apprentissage. Un apprentissage constant. Une expérience. Et s’il y a bien une expérience que je veux pouvoir vivre et comprendre c’est le subspace. Aussi je ravale ma fierté, et attends chaque coup en espérant que la douleur, si elle ne se transforme pas nécessairement, deviendra simplement un manque. Une envie du coup d’après.

Mon corps est chaud, marqué, flagellé. Mais rien n’est constant. Maîtresse Blanche sait parfaitement alterner les moments d’intensité et les moments de calme. Mais un « temps calme » n’est pas nécessairement signe d’un arrêt brutal de l’entraînement. Je le mesure quand une douleur brûlante et coulante se manifeste sur mon dos. Douleur éphémère liée à la cire chaude répandue sur mon petit corps déjà meurtri.

Une application courte cependant. Maîtresse Blanche regarde les formes dessinées par la cire, gratte un peu pour nettoyer mon dos puis se retire. Soudain, le bruit caractéristique du plus effroyable des instruments de flagellation : le fouet. Comme une piqûre de guêpe, localisée et brûlante, la douleur est intense, à son paroxysme. Mais il faut bien ça pour libérer mon dos et mes fesses de toute cette cire. Les larmes coulent, ma plainte, bien que toujours étouffée, s’accentue. Je redoute chaque coup, j’ai presque peur. J’attends que ma Maîtresse se lasse en espérant qu’elle ne me jettera pas hors de la crypte sitôt son désir sadique assouvi.

Heureusement non. Elle me laisse le temps de comprendre, le temps d’absorber et d’apprendre en ouvrant la porte de la cage et en m’ordonnant de m’y faufiler pour m’y reposer ». Je nettoie comme je peux mon visage, inondé de larmes. Elle retire mon bâillon boule, puis me présente sa botte que je m’empresse de lécher le plus copieusement possible à la suite de l’ordre qui m’est donné. Ma petite tumeur qui s’était faite toute petite est immédiatement revigorée par la perspective offerte par ma Maîtresse de lui témoigner toute ma reconnaissance. Lécher ses bottes, c’est à la fois les nettoyer bien sûr, mais c’est également une marque de soumission que j’affectionne tant elle est la matérialisation, pour une petite chienne, du remerciement. Un chien, lorsqu’il est heureux, remue la queue et tente de lécher tout ce qui appartient à sa Maîtresse. Julia ne déroge pas à cette règle tandis qu’elle enduit de toute sa bave le cuir des bottes de Maîtresse Blanche, tout en remuant des fesses pour montrer son bonheur de l’instant. Bonheur amplifié par un intérêt soudain pour mes petites mamelles martyrisées durant ce moment de vénération qui m'emplit de bonheur et de sérénité.

Le BDSM c’est aussi cela, une pratique difficile sera toujours contrebalancée par une autre avec laquelle je me sens plus à l’aise mais qui reste toujours liée à une relation de domination / soumission.

Sa botte se retire, elle me présente l’autre. J’approche ma tête à quelques millimètres puis attends l’ordre. Je ne sais toujours pas à ce sujet si l’éducation de ma Maîtresse m’autorise à une prise d’initiative ou non. Je ne sais si elle souhaite que je me rue spontanément sur ses pieds ou si, au contraire, je dois attendre une autorisation. J’opte pour le second choix. Il me semble que c’est le bon comportement à avoir. « Lèches ». L’ordre est donné, je m’exécute, en mettant les formes, en ajoutant de la sensualité pour faire honneur à cette posture, à ce moment que je chéris.

 

Maîtresse Blanche retire son pied, me tend un petit verre puis m’ordonne de m’astiquer vulgairement la tumeur tandis qu’elle pince mes petites mamelles comme jamais. Un premier décompte. J’ai le droit de jouir lorsqu’elle me dira « 10 ». « 1, 2, 3... » Je manage ma tumeur pour tenter de coller à ce décompte. Cela se fait en gestion de son temps : pas trop rapide au risque de jouir en 5 secondes, pas trop long pour ne pas la faire attendre et avoir le droit d’être libéré.

« 7, 8, 9... » je suis presque prête, je sais que je vais y arriver. « 11 ». 11 ? Mon corps s’arrête de lui-même. Je comprends que j’ai été trop lente. Je garde ma tumeur dans la main et patiente en la regardant, en quémandant le droit à un autre décompte, généreusement accordé et auquel je me conforme exactement, en jouissant au décompte avant d’avaler ma purulence.

Maîtresse Blanche me libère, me tend sa botte pour un ultime salut puis me congédie.

La leçon fut dure, sur le moment, mais je ressors tout groggy. Je déambule dans les rues de Paris. Ces rues de mon ancien quartier que je connais par cœur. J’ai simplement envie de m’asseoir sur une des nombreuses terrasses et de digérer ce qui s’est passé en dégustant une bonne bière bien fraîche au Stollys ou sur les quais de scène et en pensant à Elle et à mon envie de la retrouver, quoique je doive endurer pour avoir le privilège d’être sa petite chienne.

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