Dans les bas fonds de l'âme



"Un escalier de pierre

Un couloir étroit et obscur

Au fond de ce couloir une porte entrouverte

D'où nous parviennent les accords d'une musique

Qui en ce lieu paraît irréelle..."

 Enfin musique... aux oreilles de certaines on pourrait effectivelent qualifier les cris des sujets à la torture de douce mélodie.

En m'enfonçant dans ce couloir sombre menant aux caves d'un immeuble parisien, je me revois davantage arpentant les catacombes. Pourtant c'est un chemin de pénitence vers un lieu nouveau : la Crypte Blanche.

Je pousse la porte en bois pour me retrouver dans un lieu exigu, humide et poussiéreux. Un lieu pour le moment vide. Vide de mobilier, vide de souvenirs, vide d'émotions et d'histoires passées. Mais qui dit vide dit nécessairement à remplir. Cette découverte du lieu restera gravée dans ma mémoire et dans ma chair.

Maîtresse Blanche est resplendissante. Elle porte une chemise blanche, une jupe de cuir et des bottes noires. Elle me tend des bougies que je dois disposer au fond de la salle sur le bougeoir et au sol. L'ambiance devient soudainement religieuse. La lumière fut. Et pourtant c'est davantage un scène occulte qui se prépare. Maîtresse Blanche me lance un "à poil Julia !" qui aussitôt me fait frissonner. Tandis que je me déshabille, elle enfile de longs gants de cuir, objet de mon offrande du jour. Je me délecte de ce moment. Le gantage de la Maîtresse est et restera toujours une vision dont je me délecte. Je ne peux dérober mon regard même si l’ordre m’en était donné. Voir sa Maîtresse se préparer, c’est voir son emprise sur moi. Je ne sais pourquoi mais pour moi les gants sont synonymes de pouvoir. Celle qui les porte est celle qui ne se salira pas, sera protégée quand l’autre sera simplement nu face à ce qu’il adviendra. De plus lécher et sucer les gants de sa Maîtresse c’est également ne pas avoir accès à son corps tout en la vénérant. Mais je m’égare.

Elle est prête. Moi aussi. Je suis à quatre pattes, les yeux désormais fixés vers le sol. Elle me passe la corde au cou puis d’un coup sec m’emmène sur le lieu du sacrifice, entouré de bougies. Une pression de son genou sur mon dos. Maîtresse Blanche me met dans une position inconfortable en tirant dans le même temps sur la corde pour relever ma tête tout en diminuant ma capacité à respirer. Je reste dans cette position puis un premier coup sur ma fesse gauche. Une douleur. Une douleur puissante, lourde. Je comprends vite que cette corde au cou est également une corde à coups. D’un côté un nœud coulant qui serre ma gorge, de l’autre un amas de nœud créant une boule bien solide qui marque mon corps à chaque mouvement de ma Maîtresse. Je la sens exécuter une chorégraphie dont elle a le secret en lacérant mon postérieur puis en le caressant, à la fois pour soulager mes blessures et pour observer ce qui se dessine progressivement. J’absorbe chaque coup comme je peux, en bougeant la tête, en criant, en fuyant. Mais je suis à sa merci. Ce sont bien là les seules choses que je peux faire. L’air se fait parfois plus rare. Je sens la corde serrer ma gorge puis la libérer. Puis de nouveau se resserrer afin que je me cambre bien pour mieux accueillir les coups de ma Maîtresse.

Je vis un moment de communion, non pas avec mon corps mais avec le sadisme de ma Maîtresse qui se languissait de cette atmosphère faite de cuir, de cordes et de flagellation. Il faut dire que depuis la fermeture de l’Antre Blanche, je ressentais également ce besoin. Celui d’un BDSM noir, de cuir, de punitions et de remerciements. C’est d’ailleurs ce que je me suis empressé de faire une fois que Maîtresse Blanche m'a tendu sa main gantée inondée de mon pus. Je me suis honteusement masturbé face à Elle, face à sa perfection, pour obéir à l’ordre qui m’avait été donné, puis je me suis répandu dans son gant de cuir avant de copieusement le lécher.

Je crois aussi que c’est une des choses que j’affectionne le plus. Les remerciements à ma Maîtresse. La remercier pour son temps, pour son éducation, pour ce qu’elle me fait vivre et découvrir. Et comment mieux remercier sa Maîtresse qu’en léchant ses pieds, ses bottes, ses gants ? Les yeux dans les yeux pour mieux lui montrer toute ma reconnaissance du regard.

C’est ainsi que j’ai inauguré la Crypte Blanche. Un lieu que j’espère retrouver à l’avenir. Un lieu qui va évoluer, comme souvent avec Maîtresse Blanche qui me fascine par sa perpétuelle recherche à créer des espaces conformes à sa vision et à ses envies. La croix de St André et sa cage trouveront bientôt leur place, et moi, la mienne, enfermée à double tour, au fond d’une cave parisienne, délaissée pendant que ma Maîtresse sera partie en sachant que sa petite chienne l'attends avec impatience.

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